C'était il y a très longtemps, au début de l'apparition des hommes dans le Grand Nord.
A cette époque, les Esquimaux étaient le peuple le plus heureux de la planète bleue. Ils disposaient d'une nourriture abondante, avaient de l’eau en suffisance et surtout ne se disputaient jamais. Le jour, ils jouissaient de la lumière du soleil et durant la nuit, ils profitaient de la clarté de la lune. Pour la tribu, tout était source de joie et prétexte à fêter.
Mais il arriva que trois d'entre eux, Itouk, Kakouk et Marouk, devinrent jaloux du bonheur des autres. Ils essayaient par tous les moyens de se quereller avec les membres de la tribu... mais sans succès. Ils décidèrent donc de s'attaquer à l'astre du jour, père de toute chose afin de le tuer. Ils souhaitaient ainsi que leurs compagnons soient privés de chaleur et de lumière, que la vie devienne difficile et que tous soient malheureux. Ils préparèrent leur attaque avec le plus grand soin : des flèches et harpons qu'ils projetteraient dans le ciel en plein midi.
Au jour dit, ils lancèrent leurs armes vers le soleil mais en vain. Tout ce qui était envoyé vers le ciel retombait sur la terre, brûlé par les rayons du soleil.
Nullement découragés, ils entreprirent de refroidir le soleil en lui envoyant d'énormes blocs de glace. Mais leurs résultats ne furent pas plus brillants. La glace fondait et retombait sur les attaquants.
Ils se réunirent alors dans l'igloo de Kakouk pour mettre au point une tactique qui leur permettrait de faire disparaître l'astre de la nuit. Ils y consacrèrent de nombreuses semaines sans trouver de solution.
Un soir qu'ils avaient beaucoup bu, ils regardèrent la lune et commencèrent à se moquer d'elle en l'injuriant.
Fort peinée, la gentille lune pleura longtemps de leurs méchancetés. Voyant que leurs insultes portaient, Itouk, Marouk et Kakouk redoublèrent leurs attaques pendant des jours et des jours.
La lune en eut assez. Elle confia son malheur au soleil qui décida d'intervenir. Ce que les trois esquimaux ignoraient, c'est que la lune était la soeur du soleil et qu'ils se voyaient deux fois par jour.
Il s'adressa tout d’abord à eux pour leur demander de cesser leurs attaques. Malheureusement pour la tribu, seuls étaient restés au village les trois vauriens, bien trop paresseux pour aller chasser. Ils n'écoutèrent pas l'appel du soleil et ils lui rirent même au nez.
Alors il se fâcha et décida de leur donner une bonne leçon dont tous se souviendraient : il disparaîtrait du ciel des Esquimaux six mois par an pour ne revenir que six mois plus tard.
Et c'est ainsi qu'apparut la nuit polaire.