On raconte que dans une certaine contrée, un marchand décida d’aller en voyage pour son commerce et, possédant cent livres de fer, il les confia à un homme de sa connaissance ; puis il partit.
A son retour, il réclama sa consigne, mais le dépositaire lui affirma que les rats l’avaient mangée.
- « On raconte, en effet, répliqua le marchand, que rien n’est plus acéré, pour ronger le fer, que leurs incisives. »
Le dépositaire se réjouit de la crédulité de son ami et se frotta les mains d’entendre cela.
Cependant, une fois dehors, le marchand rencontra un des enfants du dépositaire, il se saisit de lui et le cacha dans sa maison.
Le lendemain, le dépositaire vint s’enquérir de son fils :
- « As-tu vu mon fils ? » demanda-t-il au marchand.
- « En te quittant hier, répondit le marchand, j’ai vu un milan s’emparer d’un enfant ; ce pourrait être le tien ! »
- « Ô bonnes gens, s’écria le dépositaire en se frappant
la tête, avez-vous jamais vu ou entendu que les milans ravissent des enfants ? »
- « Dans une contrée, dit le marchand, où les rats mangent cent livres de fer, il n’est point étonnant que les milans enlèvent même
des éléphants. »
- « C’est moi qui ai mangé ton fer, avoua le dépositaire, et voici son prix ; alors rends-moi mon fils. »