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Une fille et sa mère  Format imprimable  Format imprimable (pour imprimer le conte)

Un jour, la jeune Zarazara, du village de Madori partit en brousse chercher du bois de cuisine. Elle était tout affairée près d’un marigot, quand elle vit une petite tortue sortir de l’eau et se diriger vers le buisson où elle se trouvait. Zarazara prit la tortue et la roula dans son pagne. Vite, elle lia son fagot, le prit sur la tête et se hâta de revenir au village où elle montra l’animal à sa mère. Puis, elle alluma un feu pour griller sa tortue et se réjouissait déjà du bon repas qu’elle allait faire. Mais, au moment où la braise était à point, sa mère l’appela :
Viens m’aider à piler le mil pour le déjeuner de midi. Zarazara obéit immédiatement. Le mil pilé, elle s’apprêtait à cuisiner sa tortue quand sa mère qui l’observait du coin de l’œil, fit encore appel à ses services :
Viens m’aider à vanner le mil. La jeune fille obéit à nouveau. Et ce manège dura jusqu’à ce qu’elles achèvent de préparer le déjeuner. Or, pendant que Zarazara aidait sa mère, cette dernière fit signe à ses autres filles de griller la tortue et de la manger sans se soucier d’elle. Quand toute la famille eut fini de déjeuner, Zarazara demanda à sa mère si elle pouvait à présent griller sa tortue. La mère répondit simplement qu’elle n’aurait pas à se donner cette peine car ses sœurs l’avaient déjà mangée. Pour Zarazara, la surprise fut désagréable, elle se mit alors en colère, pleura et quitta la maison de ses parents pour se réfugier dans la brousse. Sa mère qui connaissait l’efficacité de sa fille dans les tâches ménagères, partit à sa recherche et l’aperçut, perchée sur la branche d’un baobab. Elle la pria de descendre en chantant :
Diyata, Diyata shido da bisa » * La fille lui répondit sur le même air :
Ouwata, ouwata bana shido ba, da sun ka tchi kounkourun su ba taré da ni ba.** Après plusieurs essais, de guerre lasse, la mère revint au village et informa son mari de l’attitude de sa fille. Il tenta à son tour de ramener Zarazara à la maison en entonnant le refrain de sa femme. Il n’eut pas plus de succès : la jeune fille lui fit la même réponse. Il rentra donc lui aussi bredouille au village. Or, la nuit suivante, une violente tornade secoua si fort le baobab où était perchée Zarazara que la jeune fille tomba. Tous ses os se brisèrent et le matin, quand sa mère revint sur les lieux, elle ramassa les restes de sa fille dans un panier en se lamentant. Elle avait cependant un espoir de pouvoir lui redonner vie : en effet, elle avait entendu parler de l’existence, dans un village voisin, d’un forgeron très habile capable de remettre en place les squelettes brisés. L’artisan accepta de refaçonner la jeune fille à une condition : qu’elle-même emmène ses deux bœufs au pâturage, qu’elle mange tout ce qu’ils mangeraient et qu’elle boive l’eau qu’ils auraient bue et dans laquelle ils auraient laissé tous leurs excréments. La mère, dégoûtée, accepta tout de même l’épreuve. Elle mena les deux bœufs au pâturage, mangea de ce qu’ils avaient mangé et but l’eau qu’ils avaient troublée de leurs excréments. Puis, elle revint au hameau du forgeron avec les animaux. Quand ils s’approchèrent de l’atelier, le grand bœuf beugla :
Oumbou ! oumbou ! baban dogari gyara kira kay day gyara kira. *** L’habile forgeron tint alors promesse et la répara si bien la jeune fille qu’il la rendit à sa mère plus jolie qu’elle n’était avant l’accident. Un jour, le fils du roi vint à passer et l’ayant aperçue, il fut sous le charme de sa beauté et la demanda en mariage. Les parents de Zarazara, heureux et fiers, acceptèrent aussitôt et on célébra en grande pompe les cérémonies du mariage.

C’est alors que Tarzoma, la coépouse de la mère de Zarazara fut prise d’une immense jalousie et ordonna à sa fille Gouarigouaza de grimper sur la branche d’un baobab et de se laisser tomber pour pouvoir se faire réparer par l’habile forgeron d’hommes. Quand elle serait transformée en une très belle jeune fille, elle aurait, elle aussi, un prince pour mari.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Mais Tarzoma, n’eut pas le courage d’accomplir l’épreuve imposée. Lorsque les bœufs revinrent du pâturage, près de l’atelier de l’artisan, ils lui tinrent ce langage :

Oumbou ! oumbou ! Baban Dogari batakira kay day bata kira ****.

Le forgeron fit de Gouarigouaza la fille la plus laide du monde. Sa mère en la voyant s’affola et s’enfuit dans la brousse d’où elle ne revint jamais.







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Isabelle de contes.biz