Il était une fois quatre garnements aux noms prédestinés. Ils s’appelaient Sans-Souci, Sans-le-Sou, Propre-à-Rien et Meurt-de-Faim. Ils vivaient au gré de leurs envies dormant la plupart du temps et ne s’éveillant que pour obtenir en mendiant le peu qui leur était nécessaire pour survivre. Mangeant peu, ne se lavant pas, ils n’étaient pas beaux à voir et n’inspiraient aucune confiance à qui avait le malheur des les croiser.
Or voilà qu’un jour, un orage d’une violence inouïe éclate et un pauvre étranger perdu leur demande l’asile en attendant que le ciel ait déversé son trop plein de colère. Bons bougres tout de même, ils laissent entrer l’étranger dans leur misérable hutte. A la fin du déluge, l’étranger les quitte non sans leur promettre de leur envoyer à chacun une boite où ils trouveraient quelque chose à planter en terre et à soigner de tout leur cœur.
Lorsque les boites arrivent, ils obéissent et plantent ce qu’ils y trouvent : plants de vigne et de figuier, noyaux d’amandes et de noisettes.
Le terrain est inculte mais les arbres y poussent et les quatre mauvais sujets apprennent même à sécher les fruits puis ils les vendent pour composer un dessert d’hiver.
Sans-Souci, Sans-le-Sou, Propre-à-Rien et Meurt-de-Faim gagnent de plus en plus d’argent et travaillent de plus en plus mais pour ne pas oublier qui ils étaient et se souvenir toujours du temps passé, ils décident d’appeler leur marchandise : Les quatre mendiants.
Aujourd’hui encore, on peut déguster ce dessert composé des quatre sortes de fruits séchés que sont les figues, les noisettes, les raisins et les amandes.
On dit aussi, et c’est peut-être vrai, que ce nom se rapporte aux quatre ordres mendiants : les raisins secs pour les Dominicains, les figues sèches pour les Franciscains, les noisettes pour les Augustins et les amandes pour les Carmes