Aux couchers du soleil, dans la forêt Galgarupt on entendait souvent d’atroces hurlements qui grinçaient sur chaque arbre mort, sur chaque brin d’herbe sec, sur chaque rocher noirâtre qui emplissaient ce lieu si près de l’Enfer. Dans cette forêt, se trouvaient toutes sortes de créatures hideuses cachées dans les coins les plus inattendus, de telle manière que si un damné s’échappait de l’Enfer, il était certain de ne jamais pouvoir sortir de la forêt.
Mais d’où provenaient donc les hurlements ? D’un clan que l’on appelait Les Bannis.
Jadis les Bannis, étaient des êtres comme vous et moi qui cherchaient mille et une façon de connaître le bonheur sur terre. La plupart d’entre eux trouvèrent bon de s’enrichir et les autres se contentaient d’envier les fortunes amassées, or, pierres précieuses et tous les biens matériels inutiles au bonheur mais si convoités qu’ils en prenaient une valeur. Petit à petit, leurs cœurs s’avilirent et ils commencèrent à mentir, puis à voler, à kidnapper, à tuer, à haïr. Juste pour quelques secondes, quelques heures, quelques années de bonheur.
Or les forces supérieurs de ce monde, mécontentes, les condamnèrent après la mort à l’enfer. Surprise! le Mal en personne les refoula à la grande porte de feu en leur jetant des langues de flammes. Ils coururent enflammés dans la forêt Galgarupt et s’y perdirent pour toujours.
Dans un élan de pitié pour ces êtres Bannis de tous les mondes, Galgarupt, roi de la forêt convoqua les maîtres des cieux et les prièrent d’arrêter leur souffrance. Les Cieux l’entendirent mais hochèrent la tête. Le Mal profita de cette idée de service pour imposer que les Bannis hurlassent tous les soirs vers son monde pour empêcher les condamnés à l’enfer de s’endormir et il leur promit de les ressusciter bien qu’il n’en eut pas l’intention...
Et les Bannis hurlaient de leur voix cassée, brûlée, tordu par la souffrance du feu et de leur gorge écorchée. Leur voix embrasait toute la forêt et ce répandait jusque dans les cauchemars des jeunes enfants vivants sur terre. Le mal des Bannis gonflait le Mal de l’Enfer où les damnés cognaient aux portes de feu tentant de se délivrer de ce tourment.
Et les portes menaçaient de ployer sous la force des damnés mais le diable les resserrait à la dernière minute un peu plus que la fois précédente, coupant leur infime atome d’espoir à chaque tentative d’évasion.
Voici comment des humains comme vous et moi passèrent l’éternité à brûler et à servir le Mal pour étendre le mal, tous cela pour le bonheur. Faut-il faire tout pour un peu de bonheur au risque de servir le mal toute sa vie pour l’obtenir ? Devons nous devenir des Bannis?