Un corbeau s'en allait à travers la campagne. Alors qu'il se posait sur un buisson, une épine s'enfonça dans sa patte. Il réussit à l'arracher et il la porta chez une femme. Il lui dit :
Peux-tu me garder cette épine, s'il te plaît.Je reviendrai la chercher.
La vieille accepta, elle prit l'épine et la posa sur la cheminée. Un jour passa, puis un autre, le corbeau ne revenait pas.
Un soir, elle alluma sa chandelle. Mais la mèche était trop basse. Alors la femme prit l'épine pour tirer la mèche. Et voilà que la flamme de la chandelle brûla l'épine, juste au moment où le corbeau arrivait !
Je suis venu chercher mon épine, dit le corbeau.
Ah, mon fils, par malheur ton épine a brûlé. J'ai voulu tirer la mèche de la chandelle avec… Mais le corbeau ne voulut rien entendre, il répéta :
Je veux mon épine. Je t'avais dit que je viendrais la chercher.
Comme la femme ne pouvait lui rendre son épine, il se mit à crier :
Donne-moi l'épine ou la chandelle ! L'épine ou la chandelle ! Cela dura des heures, et à la fin, pour avoir la paix, la femme lui donna sa chandelle. Le corbeau partit avec la chandelle et alla la confier à une vieille femme. Il lui dit :
Peux-tu me garder cette chandelle. Je reviendrai la chercher.
Le soir même, la vieille prit la chandelle du corbeau pour aller traire sa vache dans l'étable. Elle posa la chandelle derrière la vache, sur le sol. Pendant la traite, la vache donna un coup de sabot et cassa la chandelle, juste au moment où le corbeau arrivait !
Je suis venu chercher ma chandelle, dit le corbeau.
Ah, mon fils, par malheur la vache a cassé la chandelle d'un coup de sabot. Mais le corbeau ne voulut rien entendre, il répéta :
Je veux ma chandelle ou la vache ! Il cria ainsi pendant des heures et des heures. La vieille était au supplice. Et à la fin, pour avoir la paix, elle fut obligée de donner sa vache au corbeau.
Le corbeau prit la vache et alla la mener chez une autre femme.
Peux-tu me garder cette vache, s'il te plaît. Je reviendrai la chercher bientôt.
La femme installa la vache dans l'étable. Un jour passa, puis un deuxième, puis un troisième. Le corbeau ne revenait pas. Or, la femme allait marier son fils. Elle attendait beaucoup d'invités.
La femme attendait donc beaucoup d'invités pour le mariage de son fils et le corbeau ne revenait toujours pas chercher sa vache. Elle finit par penser qu'il avait oublié… Elle pensait qu'avec une vache, on peut préparer beaucoup de plats de viande… Elle attendit encore un peu … puis elle décida de tuer la vache du corbeau.
Elle tua donc la vache et put préparer beaucoup de plats délicieux pour tous ses invités. Tous se régalèrent et mangèrent toute la vache.
Quand il n'en resta plus une seule bouchée, juste à ce moment, qui arriva ? Le corbeau, bien sûr, qui n'attendait que ça !
Je viens chercher ma vache, dit le corbeau à la femme.
Ta vache ? ! Je ne l'ai plus. J'ai attendu plusieurs jours et puis, comme tu ne revenais pas, j'ai pensé que tu n'avais plus envie de la reprendre… Alors, comme je marie mon fils, je l'ai prise pour faire le repas de noces… Je l'ai offerte aux invités, aux amis de la mariée, à la famille de la mariée, à la mariée…
Eh bien, puisque tu ne peux pas me rendre ma vache, donne-moi la mariée ! Au début, la femme ne voulait pas écouter une telle sottise mais le corbeau commença à crier :
Je veux la vache ou la mariée ! Je veux la vache ou la mariée ! Il criait et criait et cela dura des heures et des heures. A la fin, pour avoir la paix, on fut bien obligé de le laisser partir avec la mariée.
Le corbeau partit dans la montagne avec la mariée, habillée de ses beaux habits. Il rencontra un berger qui jouait de la flûte. La musique était très jolie, si jolie que le corbeau dit au berger :
Frère, si tu me donnes ta flûte, je te donnerai cette nouvelle mariée.
Le berger réfléchit, mais pas longtemps. La fille était jolie, toute prête à être mariée dans ses beaux habits de noces.
D'accord, répondit le berger.
Et le berger donna la flûte au corbeau et prit la mariée. Le corbeau partit en chantant : J'ai donné l'épine, j'ai pris la chandelle, J'ai donné la chandelle, j'ai pris la vache, J'ai donné la vache, j'ai pris la mariée, J'ai donné la mariée, j'ai pris la flûte Duturu, duturu, duturuuuuuuuu…