Savannah
Savannah arrive chez sa grand-mère avec qui elle a pris l’habitude de venir boire un chocolat après l’école. Mais la maison est fermée.
« Mais pourquoi grand-mère n’est pas là ? se dit-elle. Elle sait bien pourtant que je viens chaque jour ! »
Après un court instant, elle se dit.
« C’est drôle, je ne suis jamais allée dans le jardin. Qu’il est grand ! » se dit-elle.
C’est donc en exploratrice que Savannah part à sa découverte. Un petit chemin en dalles court dans l’herbe. Jusqu’ou va-t-il comme cela ? Savannah avance en chantonnant et s’enfonce dans un sous-bois puis arrive dans un pré. Au milieu de celui-ci, un énorme chêne. Savannah s’approche de l’arbre, tourne autour de lui, quand s’élève une voix.
« Qui es-tu petite ? »
Savannah regarde tout autour d’elle, mais il n’y a personne. Pourtant, elle a bien entendu quelqu’un parler. Peut-être quelqu’un est-il grimpé dans l’arbre. Non, personne. Ni sur l’arbre, ni dans le pré.
« Qui es-tu ? » répéta la voix.
Inquiète, elle répond : « Je suis Savannah et j’attends ma grand-mère ! »
« Tu es bien petite pour être venu ici toute seule ! » dit la voix.
« Mais je suis dans le jardin de grand-mère, je ne crains rien !! » répond Savannah.
« Tu es loin de la maison mais parfois, on ne se rend pas compte de ce que l’on fait et du temps qui passe. Viens par ici. »
Savannah ne comprend pas. « Où ça ? »
« Fais demi-tour et avance de trois pas, puis tournes-toi vers moi. »
« Qui ça “moi” ? Je ne vois personne ! ».
« Il y a moi, Chloros Chêne ! »
Savannah est songeuse. Un arbre qui parle ? On doit sûrement lui faire une blague. Toutefois, sans vraiment y croire, elle fit ce que la voix lui avait dit.
Demi-tour, trois pas et se retourner vers l’arbre. À sa grande surprise, elle vit comme un visage sculpté dans le tronc de l’arbre.
« C’est vraiment toi qui parles ? » s’étonne-t-elle.
« Évidemment, qui veux-tu que ce soit ? »
« Mais les arbres ne parlent pas ! »
« Et pourquoi ça jeune fille ! » dit Chloros surprit.
« Ben, parce que les arbres ne vivent pas ! »
À ces mots, Chloros a une grande peine.
« Et voilà ! Vous, les humains, avez arrêté de nous regarder et surtout, de nous écouter. Nous sommes des êtres vivants. Et c’est un peu grâce à nous, que vous respirez. Mais bien sûr, vous ne vous posez pas de questions, c’est dans votre nature. Voilà pourquoi tout va mal. Pourtant, nous sommes ensemble depuis des siècles, nous vivons les uns pour les autres. »
« Qu’est-ce qui va mal ? »
« Tu n’as pas remarqué, le temps devient fou ! Il fait très froid, puis chaud d’un seul coup. Vous ne regardez pas autour de vous, vous ne voyez pas les signes que la nature vous envoie. »
« Ben, on ne peut pas regarder en l’air… »
« Et pourquoi non ! » l’interrompit Chloros.
« Ben…, je ne sais pas ! »
Savannah resta un instant sans parler. C’est vrai qu’elle n’avait jamais vu le jardin de grand-mère alors qu’elle le traverse en partie tous les jours. Le chêne a raison, elle ne regarde pas autour d’elle.
« Mais pourquoi dis-tu que nous respirons grâce à vous ? »
« Ah ! dit-il agacer. Et bien, lorsque je respire, je rejette l’oxygène nécessaire aux hommes et aux animaux. Les plantes, les animaux et les hommes, nous sommes tous liés, chacun a besoin de l’autre. C’est pour cela qu’il faut faire attention à ce qui t’entoure. Ta grand-mère saura mieux t’expliquer cela. »
« Oui, mais elle n’était pas à la maison tout à l’heure. »
« Elle est peut-être rentrée maintenant. » dit Chloros.
« Peut-être ! Je vais rentrer… Je pourrais revenir te voir ? » dit Savannah.
« Si tu le souhaites. Il y a si longtemps que plus personne ne fait attention à moi. »
« Alors à bientôt » dit Savannah en s’éloignant.
Il est tard, sa grand-mère s’inquiète peut-être. Revenue à la maison, Savannah raconte son aventure, mais sa grand-mère sait bien que les arbres ne parlent pas.
« C’est vrai, il faut faire attention car nous faisons partie de cette nature que nous avons tendance à négliger. » dit la grand-mère.
Elles décident alors de respecter la nature.