Elliot était un petit garçon de 7 ans, qui vivait dans un village tout en haut d'une colline, un petit village où tout le monde se connaissait bien et où il faisait bon vivre. Souvent, il allait rendre visite à son grand-père qui habitait non loin de là, dans une vieille maison toute en bois. Elliot adorait son grand-père qui racontait toujours des histoires extraordinaires. Il l'écoutait ainsi, pendant des heures, assis près du feu crépitant de la cheminée.
Un jour, alors qu'il était chez son grand-père, Elliot découvrit un drôle d'objet posé sur le rebord de la fenêtre. On aurait dit un petit bonhomme emmitouflé dans une grande feuille d'automne, dont on ne voyait dépasser que la tête. L'enfant, intrigué, prit la statuette dans ses mains, et l'examina en la retournant dans tous les sens.
"Dis Papy, qu'est-ce que c'est ?" demanda Elliot à son grand-père.
"Ah mon petit garçon, surtout ne le casse pas. C'est un porte-bonheur. Il renferme un grand secret. Et si tu veux, je vais te raconter son histoire incroyable. L'histoire de Feuillette...
Quand j'étais petit garçon comme toi, mes parents m'avaient offert ce cadeau. Ils m'avaient dit :"C'est un petit elfe. Pose-le à côté de ton lit, il te portera bonheur !" Je l'avais appelé Feuillette, parce qu'il était tout enveloppé dans une feuille. Et tous les soirs, avant de m'endormir, je regardais Feuillette qui semblait me sourire et me dire "bonne nuit!"
Et puis un jour, une chose incroyable arriva. Un soir de pleine lune, je me réveillai au beau milieu de la nuit, et lorsque j'ouvris les yeux, je découvris que Feuillette avait disparu ! Je me frottai les yeux pour être bien sûr que je ne rêvais pas. Mais non ! La feuille était toujours là, mais elle était vide. Mon petit elfe, lui, n'y était plus. Je n'arrivais pas à le croire ! Comment avait-il pu disparaître ? Ce n'était pas possible !
Je me suis mis à le chercher dans la chambre, sous le lit, dans l'armoire, puis partout dans la maison, mais pas de Feuillette ! Il fallait croire que mon petit elfe m'avait quitté ! Je sentis alors de grosses larmes couler le long de mes joues. Je pris ma tête entre mes mains et restai un long moment sans bouger, accoudé sur le rebord de la fenêtre, les yeux plongés dans le ciel étoilé. Je ne comprenais pas ce qui avait bien pu arriver et je me sentis d'un coup bien seul.
Puis soudain, en baissant les yeux, je découvris par la fenêtre, de minuscules empreintes de pieds sur la terre du jardin, qui semblaient se dessiner jusqu'à la barrière. Ce n'était pas des traces d'animal. Trop petit aussi pour des pieds d'homme, ou même des pieds d'enfant ! Qu'est-ce que cela pouvait bien être ? Intrigué par ce que je venais de découvrir, je décidai de suivre les traces de pas pour voir où elles me mèneraient. Il faisait nuit, j'avais un peu peur, mais tout cela était vraiment trop étrange. Il fallait que je sache, et puis je voulais retrouver Feuillette. Peut-être que ces traces me mèneraient à elle...
Après avoir enfilé mon manteau et mes chaussures, je me dirigeai vers la barrière. Les traces de pas continuaient bien au-delà du jardin, et la pleine lune m'éclairait suffisamment le chemin pour que je puisse les suivre. Quelle ne fut pas ma stupeur quand je découvris que les traces me dirigeaient vers la forêt. La grande forêt lugubre que personne n'ose approcher dès que le soleil disparaît derrière la colline ! Les gens du village disent qu'elle est hantée, peuplée de créatures effrayantes ! Mais j'étais déjà bien loin de la maison, peut-être même perdu. Alors tant pis, je décidai de rentrer dans la forêt.
Les ombres des arbres formaient sur le sol de grandes formes toutes noires qui ressemblaient à des monstres géants. Le vent faisait craquer les branches au-dessus de ma tête, tandis que perçait de temps à autre le hululement inquiètant d'un hibou. J'entendais des bruits et des cris étranges que je ne connaissais pas. Je me blottis contre le tronc d'un arbre. J'avais peur. J'étais tout seul, et personne ne viendrait me chercher ici ! Je me mis à éclater en sanglots, lorsque je vis brusquement une lumière scintiller au loin. Je pensais alors qu'il y avait peut-être quelqu'un dans la forêt et qu'il pourrait m'aider à retrouver mon chemin. Je m'approcha timidement de la lumière, sans faire de bruit, et ... surprise ! Je n'en croyais pas mes yeux !
Feuillette ! Feuillette était là et tout un tas d'autres petits elfes qui s'agitaient autour d'un feu de camp. Quand elle me vit arriver, elle s'avança vers moi. Je la pris dans mes mains, tout étonné de voir qu'elle était bien vivante ! Elle me fit plein de petits baisers sur les joues qui effacèrent mes larmes et me ramenèrent bien vite le sourire. Elle me raconta que toutes les nuits, tous les efes de la région se retrouvaient dans la forêt pour éloigner les mauvais esprits et veiller sur les gens du village, dès que le soir tombait. Ils étaient bien drôles les petits elfes ! Il y avait "Fleurine" qui portait sur son dos une grosse fleur d'arum toute blanche, "Semelle" qui avait fait sa maison dans une vieille chaussure d'homme. Il y avait aussi "Taxi" qui transportait les elfes sur le dos d'un crapaud pour traverser les rivières, et "Mélodine" qui jouait de la flûte enchantée, assise à califourchon sur le croissant de lune, et la musique, emportée par le vent, éloignait les mauvais esprits de la forêt, loin du village endormi. Les plus intelligents étaient les "conteurs". Ils savaient lire et détenaient dans leurs gros livres anciens les plus belles histoires d'elfes qu'ils s'amusaient à raconter la nuit autour d'un feu de brindilles.
Je passa ainsi la nuit entière dans la forêt avec les petits elfes, à rire, à danser et faire la fête. Et quand les premières lueurs du jour apparurent, tout ce petit monde repartit dans les maisons du village, retrouver leur apparence immobile durant tout le jour, jusqu'à la nuit suivante où ils reprendraient vie de nouveau. Mais là était le secret des elfes, et j'avais bien fait la promesse à Feuillette que ce secret resterait entre nous."
Elliot avait écouté son grand-père raconter son histoire, sans dire un mot, attentif et émerveillé. Puis il repartit chez lui, avec le petit elfe que son grand-père lui avait donné. Il le serrait très fort contre son coeur, sachant désormais que "Feuillette" veillerait sur toutes ses nuits.