ll était une fois, tout au fond de l’univers, une petite étoile qui s’appelait Julia.
Elle brillait de tous ses feux mais comme elle était petite elle pensait qu’elle brillait peu.
Autour d’elle, dans le froid céleste, il faisait noir et l’on n’entendait que le froufroutement rapide des comètes qui filaient à toute allure.
Julia se demandait parfois avec effroi si ces belles et ultra-lumineuses consœurs ne finiraient pas par la percuter.
Un jour qu’elle était triste parce qu’elle se trouvait seule et inutile, elle sentit soudainement une comète la frôler de si près qu’elle crut définitivement basculer dans l’univers sans fin.
Ola la, cria-t-elle ! Et elle ferma les yeux en se préparant au terrible choc.
Mais rien ne se passa.
C’est à peine si elle ressentit un petit chatouillis à l’extrémité de sa branche numéro 3.
Alors elle ouvrit un œil et elle vit une toute petite forme qu’elle prit tout d’abord pour un papillon.
- Qui es-tu ? interrogea Julia.
- Laisse-moi donc me remettre Julia, dit la forme en se lissant les ailes.
- Tu… Tu connais mon nom ?
- Toutes les fées connaissent ton nom, Julia.
- Tu es une fée ?
- Cela ne se voit pas ? minauda la forme un peu coquette.
- Je n’avais jamais vu de fée avant toi, avoua Julia.
- Hé bien, sans ce chauffard qui m’a propulsée sur toi, tu aurais pu ne jamais me rencontrer, et cela aurait été dommage, n’est-ce pas ?
Julia sourit. Décidément cette petite fée aimait bien se faire valoir, pensa-elle.
- Et tu as un nom ?
- Tout le monde possède un nom. Moi, c’est Valbée. Et tu trouves que je me fais valoir ?
- Oh pétard ! s’exclama Julia un peu confuse, tu lis dans mes pensées ?
- Comme dans un livre ouvert, ma belle !
- Et toutes les fées qui connaissent mon nom lisent dans mes pensées ?
Valbée eut un rire cristallin :
- Seulement les plus douées ! Mais je peux te dire que toutes te connaissent et t’adorent.
Julia allait de surprise en surprise.
- Elles m’adorent ? Mais je n’ai rien d’adorable, je suis petite, je ne brille pas beaucoup – en tous cas bien moins que les autres, je suis… très banale, très heu… je ne sais même pas quel mot choisir.
- C’est parce que tu es aux yeux des nôtres, ni banale ni ordinaire. Tu es unique Julia. Personne ne te ressemble et tu ne ressembles à personne. Si tu n’existais pas tu manquerais à notre monde. Tiens je vais te dire : tu es comme une œuvre d’art : unique en son genre.
Julia éclata de rire.
- Vous ne pensez pas que vous exagérez un petit peu ?
- Moi, j’exagère ? s’écria Valbée. Mais sur quoi je me reposerais actuellement si tu n’existais pas ?
- Tu aurais pu t’installer sur une autre étoile !
- Ca, c’est impossible. Chaque étoile qui possède un nom est obligatoirement dotée d’un destin. En fait, je suis venue t’annoncer que le C.S.F : Le Conseil Supérieur des Fées te donne une mission : tu es chargée… d’illuminer les yeux des enfants.
Julia était interloquée.
- Illum…Mais je ne brille pas assez !
- Ca, c’est ce que tu t’imagines. Nous, qui avons de l’expérience -nous te voyons briller très très fort… quand tu ne te caches pas derrière les nuages. Nous connaissons l’impact que tu produits sur tous ceux que tu côtoies sans les voir. Chez les fées, tout le monde a une mission, toi tu seras les paillettes d’étoiles qui suivent le mouvement de la baguette magique des fées quand elles réalisent un voeu.
Julia se souvint des yeux humides des enfants :
- Je serais le désir, je serais l’espoir…
- Tu seras toi, Julia, tu seras enfin toi…
La voix de Valbée s’était faite soudain lointaine, lointaine…
Alors Julia ouvrit enfin son deuxième œil et elle s’aperçut que la fée avait disparue.
- Où es-tu Valbée, où es-tu ?
- Tu ne me vois plus, mais je serais là où tu seras, Julia. Et je suis déjà partie pour une autre visite. Brille Julia, brille, fais voir que tu es là. On a tous besoin de ta lumière…
Julia, se mit à rosir de plaisir.
Puis, dans tes yeux à jamais, elle refléta toutes les couleurs chatoyantes de l’arc-en-ciel.