Je m’appelle Pierre-Léon. J’ai 6 ans. Enfin j’ai 5 ans et demi mais c’est presque pareil que 6 ans. Le samedi matin, après l’école, je vais à la piscine pour faire des ploufs avec ma maman ou avec mon papa. Après on se retrouve tous les 3 pour manger au restaurant, des pizzas ou des pâtes. Des fois, il y a aussi mon grand frère, Charles-Edouard, ou ma grande sœur, Annie-Sophie. Ils sont grands comme des papas et des mamans. Ils n’habitent, pas avec nous. Ils ont leurs maisons très loin.
Aujourd’hui, maman me dit en mangeant ses pâtes au parmesan :
- ce soir tu manges chez tata Marie-Valentine et tonton Jean-Raymond. Tu te souviens ? on te l’a dèjà dit hier. Nous, nous allons au théâtre avec nos amis René-Julien et Marie-Monique.
Maman me prépare mon petit sac à dos avec des livres, mon pyjama et des jouets et on y va. En route pour Paris. A coté de chez ma tata il y a le métro. J’adore prendre le métro et aller à la Tour Eiffel ou au restaurant.
Dans la voiture, je m’installe dans mon petit siège et je boucle ma ceinture de sécurité. Papa met la radio. Donc je ne peux pas chanter avec maman. Je regarde dehors et mes yeux se mettent à clignoter. Non je ne dormirai pas. J’entends maman, qui dit très très doucement « il dort, le petit ».
Quand on arrive à Paris, j’entends « on arrive, mon chéri » et j’ouvre les yeux. Papa dit « il n’y a pas de place pour se garer devant l’immeuble de Marie-Val et de Charles-Ed, il va falloir qu’on marche.
Qu’est-ce que je vois? devant l’immeuble de ma tata, sous le métro aérien, il y a un manège . Je crie « maman, un manège ! un manége ! un manège ! on y va, maman, papa, on va au manège ».
- on n’a pas le temps dit papa, on est presqu’en retard pour aller retrouver René-Jul et Marie-Mo.
Mais moi, je reste quand même planté devant le manège et papa me prend pour me porter devant la porte de tata Marie-Va et tonton Jean-Raym. Papa me donne les chiffres et les lettres du code et j’appuie tout seul sur les chiffres et les lettres.
Je cours dans le jardin pour arriver le premier à la porte de ma tata. Je l’ouvre et je m’assois par terre pour qu’elle reste ouverte. J’attends papa et maman qui arrivent enfin sans trop se presser. Maman dit « merci mon loup ».
Nous prenons l’ascenseur et j’appuie sur le 8. On arrive et on s’embrasse tous. Papa et maman s’en vont et moi je reste avec ma tata et mon tonton. Je suis en pleine forme.
Tonton m’emmène fumer un cigare. Il me dit « tu veux un cigare ? ».
Quand on est dehors devant le manège, je lui dis « tu veux faire un tour de manège ? » et il me répond « oui ». Il achète des tickets mais il me les donne tous et je les mets dans la poche de mon blouson. Je grimpe sur un petit cheval et je fais un tour. Puis je choisis une voiture de course puis un avion. Chaque fois que je passe devant tonton Charles-Ed je me lève et je crie très fort « tonton ! tonton ! tonton ! »
Puis il va fumer son cigare dans le bar de l’hôtel ou tout le monde m’aime bien. Il me dit « tu veux un café ? ».
Pendant qu’il fume son cigare en lisant son journal, je me promène dans le bar ou je tape sur les touches du piano. Tonton me regarde et me fait un clin d’œil.
En rentrant, tonton me dit « un dernier petit tour de manège ? ». La dame du manège dit qu’elle va fermer mais tonton insiste et je fais un tour tout seul sur mon cheval préféré.
Tata Marie-Valentine nous a préparé du poulet et de la purée. Je lui dis « montre-moi la casserole ». Elle est vide. Dommage ! j’en aurais bien repris.
Je prends un yaourt au chocolat, je plonge ma cuiller dans le pot et je la mets dans ma bouche …. Beurk ! beurk ! beurk ! C’est un yaourt au lait de soja. Jamais maman ne me donne des yaourts aussi mauvais.
Après le dîner, je vide tout le contenu de mon sac à dos sur le tapis mais le livre que je cherche n’est pas dedans. Tous les autres livres, je n’en veux pas. Pour remplacer mon livre, je dessine Siméon Le Papillon avec Marie-Valentine. C’est mon livre préféré en ce moment. Heureusement que je le connais par cœur.
Lorsque mes yeux commencent à clignoter je dis à Marie-Valentine :
- comment je vais faire pour m’endormir ? J’ai oublié mon doudou dans la voiture.
- je vais t’en trouver un.
Elle me montre une poupée bizzare
- ce n’est pas un doudou. Un doudou, c’est doux et moelleux !
Elle me donne un foulard.
- c’est doux mais c’est pas moelleux.
Elle me donne une écharpe.
- c’est doux et c’est moelleux mais ça a des poils. Un doudou n’a pas de poils.
Elle roule mon pull-over en boule et me dit :
- ferme les yeux et imagine que c’est ton doudou.
Pendant qu’elle me lit des histoires, j’essaie de toutes mes forces d’imaginer que c’est mon doudou que je serre dans mes bras sous les couvertures. Je pense à maman et je m’endors en plein milieu de l’histoire de Peter Pan.