Les contes pour enfant du monde
Une chatte moderne
Moquette ! C’est le nom que m’a donné ma petite maîtresse Charlotte parce que, paraît-il, je me suis affalée sur le tapis dés notre première rencontre. Je m’en fiche, je ne suis pas vexée ! Chaque jour Charlotte me câline, me caresse me nourrit de croquettes, m’a appris la litière. J e joue parfois, elle me fait courir après un bouchon attaché au bout d’une ficelle, ça l’amuse ! Je grandis, je grossis, je suis heureuse ! Sauf que l’escalier m’est interdit… « -Pas les chambres !!! » a dit la maman de Charlotte. Je m’en fiche, je ne suis pas vexée ! La cuisine, le couloir, la salle de séjour et le sofa surtout sont mon domaine et ça me suffit ! Et puis il y a eu ce jour malheureux où Charlotte a laissé la porte ouverte ! Je me suis aventurée tout doucement jusqu’à ce buisson ! Horrible ! Ce fut horrible ! Il y avait là une vieille chatte grise qui m’a insultée ! « -Alors Chochotte, ça va ? » J’étais paralysée … « -Chatte de salon va ! Tu n’as plus rien de notre Race ! Oublié l’instinct de chasse hein ! Et pourtant sur le lit de ta maîtresse il y a une énorme souris ! Je l’ai vue ! Tu es une honte pour Nous ! » Heureusement Charlotte m’a prise dans ses bras, m’a essuyé les pattes et m’a bercé contre elle, en me grondant un peu : « Ne va plus jamais dehors Moquette, tu pourrais te salir ! » Mais là, j’étais vexée ! Une souris ! Sur le lit de Charlotte ! Qu’est-ce que c’est que ça ? Sûr ! Je dois faire quelque chose !!! Alors mes instincts me sont revenus : j’ai aiguisé mes griffes sur les pieds de chaises ; j’ai épié longtemps, longtemps … J’ai bravé tous les interdits et me suis cachée, tapie au fond du placard du couloir . Quand Charlotte est sortie de sa chambre je l’ai vue : elle est là, énorme, blanche avec des yeux roses, elle me nargue ! Alors j’ai fait un saut acrobatique en poussant mon cri de guerre : « MI-A-OU !!!! » Je lui ai arraché les yeux, détruit sa queue, sauté à la gorge et je l’ai secouée, secouée, secouée ! Elle ne se défendait même pas… Et soudain j’ai entendu ce cri affreux de Charlotte : « -MA PELUCHE ! LACHE MA PELUCHE !!!!!!!!!!!!!! »
|
|