Les contes pour enfant du monde

CIBOULET ET COMPAGNIE
JEAN CATHERINE CIBOULET 52 ans


La vie réserve parfois bien des surprises. Et tout peut basculer…..
Un jour de juin, il y a quelques années, un quatre papattes croisait notre chemin.
Nous ne voulions pas d’animaux dans notre famille, mais c’était sans compter sur Princesse.
Elle avait été abandonnée et maltraitée par des personnes inqualifiables et, à bout de force, était arrivée dans notre village.
Un tournoi de tennis avait lieu ce jour-là. Lorsque nous arrivâmes au club-house elle était là et nos regards se croisèrent. Mais il était impossible de la ramener à la maison, nous ne voulions pas d’animaux.
On travaillait et les enfants étaient toute la journée à l’école.
Alors un chien…..pas question.
Mais Princesse en avait décidé autrement….
Le soir lors de notre retour à la maison, elle a essayé de suivre notre voiture.
Mais pas bien longtemps, elle était à bout de forces. Et puis non, pas question de chien à la maison. Non, non, non !
On était d’accord…… Le silence s’installa de retour chez nous et la nuit fut agitée par des rêves et par ce qu’on appelle…..des remords.
Chacun revoyait cette chienne essayant de nous suivre. Mais non, pas de chien à la maison.
Le lendemain en arrivant sur mon lieu de travail, je racontais (pas très fière) cette histoire à mes collègues. Je travaillais à la maternelle du village.
On me dit que le garde champêtre avait « ramassé » un chien errant, qu’il allait l’emmener à la fourrière et qu’il se trouvait devant l’école.
Ni une ni deux, sans réfléchir, je me précipitais dehors et annonçais que je voulais adopter ce chien.
Ma décision était prise, on verrait comment l’annoncer à la maison.
Princesse passa la matinée sous mon bureau, sans bouger, les yeux remplis d’amour et de reconnaissance.
A midi la cloche sonna enfin. Princesse au bout d’une corde dans une main, ma fille Clémentine (ravie) me tenant l’autre main, nous rentrâmes chez nous.
Mon mari, Christian, était parti chercher notre fils, Alexandre, au collège de la ville voisine.
Ils tardèrent à rentrer……
Comment leur annoncer que Princesse était avec nous.
On la cacha dans une pièce et nous attendîmes anxieusement le retour de nos deux hommes……
L’air dépité, ils arrivèrent très en retard, à notre grande inquiétude.
Et là, le miracle se produisit.
Ils nous racontèrent qu’ils voulaient nous faire une surprise et qu’ils avaient cherché « le chien » partout mais que malheureusement ils ne l’avaient pas trouvé !!!
Alors on leur raconta notre histoire et on leur dit que ce n’était plus la peine de chercher….
Princesse était chez nous.
Ce fut le début d’une grande histoire d’amour qui dura quinze années.
Ces quinze années furent un enchantement. Princesse nous apporta tant de joie et de bonheur.
On découvrait la vie avec un chien et c’était bien.
Très bien même.
Douce, patiente, câline, calme, toujours d’accord, adorable, elle semblait n’avoir aucun défaut.
Il n’y eut pas de soucis majeurs non plus, sauf une fois où une mauvaise tique faillit lui coûter la vie.
Mais, courageuse, elle s’en est sortie, grâce aux bons soins du vétérinaires.
Tout doucement elle reprit du « poil de la bête » à notre grand bonheur et elle continua son petit bonhomme de chemin jusqu’à ce jour néfaste de juillet où se produisit le drame.
Saleté d’attaque cérébrale.
Princesse, ma Princesse, notre Princesse était mourante. Je restais toute la nuit avec elle afin de l’aider à partir accompagnée.
Mais toujours courageuse et combattante, elle se remit tout doucement.
Oh, bien sûr, elle n’était que l’ombre d’elle-même et le vétérinaire nous disait qu’il n’y avait plus rien à faire.
Il nous suggéra même de l’aider à partir…..
Mais j’étais égoïste……je voulais qu’elle reste avec nous et elle est restée encore un mois, mais à quel prix.
Je me le reprocherai toujours. J’aurai dû la laisser partir. Mais j’espérais et croyais au miracle. Miracle qui ne se produisit pas. Elle s’endormait tout doucement et s’accrochait, sans doute pour me faire plaisir encore et encore.
Puis je me résignais enfin et l’emmenais chez le vétérinaire pour son dernier voyage….
Elle me manque, elle me manque tant.
Avec le recul, je crois que c’est ce qu’on appelle remord. Remord d’avoir pensé à soi, remord de ne pas avoir su dire stop.
Clémentine n’était pas là au moment du drame. Elle était en voyage avec son ami pour quelques temps dans un endroit fort isolé en pleine forêt.
Son coup de téléphone me bouleversa. Elle voulait adopter une chienne.
Comment lui dire que je ne voulais plus de chien à la maison. Que c’était trop dur lorsqu’il nous quittait. Que c’était comme trahir Princesse.
Comment lui dire ce qui venait de se passer. Elle était si heureuse.
Cette chienne se trouvait sur son chemin et leurs regards s’étaient croisés…..
Je n’avais pas le droit de dire non.
De toute manière, cette chienne ne serait pas pour moi mais pour Clémentine.
Alors d’un commun accord avec mon mari on a dit oui.
Cette chienne arriverait chez nous au retour des vacances de notre fille.
On n’était pas au bout de nos surprises……
Début septembre.
Retour de vacances imminent de notre fille et de sa protégée. Mon cœur s’emballe.
Je suis partagée entre la joie et le chagrin. Que va penser Princesse.
J’ai l’impression de la trahir. A peine partie, elle est déjà remplacée.
Et puis ce rêve que je fais depuis son départ…..
Ma Princesse est toujours avec nous et elle m’offre une grosse boule de poils brune et une petite boule blanche….
Je ne comprends plus rien. Tout ce que je sais, c’est que j’ai du chagrin.
Seize heures, la voiture arrive.
Clémentine ouvre le coffre et une grosse boule de poils brune en descend et s’approche de moi.
Je lui souhaite la bienvenue et je fonds en larmes.
Gratouille, c’est son nom, fait à présent partie de la famille.
Elle est adorable.
Pleine de qualités, si douce, si calme, si patiente……..comme Princesse.
Quelques jours passent et un doute s’installe.
Gratouille prends du poids, son ventre est rond. Mais le vétérinaire des vacances a dit qu’elle venait sans doute d’avoir des petits. Alors, c’est peut-être normal.
Elle dort beaucoup. Elle prend surement ses marques…… Mais prendre plusieurs kilos en quelques jours, ce n’est pas normal.
D’accord elle a du poids à rattraper, mais si vite…..
C’est louche tout ça.
Puis vint LA visite chez notre vétérinaire qui nous annonce que Gratouille va être maman sous 48 heures.
Aaaaaaaah !!! Au secours !!!
Branlebas de combat.
Jamais vécu une chose pareille.
Comment faire ? Que va-t-il se passer ?
Tout d’abords préparer une pièce pour accueillir les petits. Des couvertures, rester calme, de l’eau, des serviettes, rester calme….. Puis l’attente…..
Dimanche matin. C’est parti ! En voici un, puis deux. Comme ils ressemblent à Gratouille !!!
Trop mignon.
Puis vient le tour du troisième et, déjà, il se fait remarquer……
Il arrive par le siège !!!! Et il a besoin d’aide pour voir le jour.
Les pattes arrières sont dehors mais il est coincé. Il n’arrive pas à sortir et c’est bizarre mais on ne voit que du blanc.
On aide tout doucement, on tire, on tire puis enfin il arrive.
La petite boule blanche est là…..
Ciboulet est né.
Merci Gratouille.
Merci Princesse.
Ciboulet a grandi et il lui arrive des aventures merveilleuses qu’il raconte quotidiennement dans son journal.
Je ne vous avais pas dit ?
Ciboulet est un chien qui parle…..
Et il a un blog……
Alors à bientôt pour la suite de son histoire.

cathy.jean@wanadoo.fr



Conte imprimé sur http://www.contes.biz